Life is Strange 2 - Un premier épisode prometteur ?
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On prend pas les mêmes et on recommence
Difficile de venir après le raz-de-marée d'éloges (et de critiques) qu'avait apporté l'histoire de Max et Chloé. Si le jeu avait su convaincre une bonne partie des joueurs, Dontnod repart désormais avec le handicap d'avoir déjà joué la carte de la surprise. Les ficelles sont connues et on se dit que le titre aura bien du mal à nous surprendre... Et c'est malheureusement le cas, du moins dans ses premières séquences.
Daniel et Sean Diaz, les deux héros de cette histoire
Et là..."tout bascule"...
Beyond tout seuls
En effet, les deux frères, livrés à eux mêmes dans une situation qui les dépasse vont se rapprocher et apprendre à faire équipe dans l'adversité. D'abord confinés aux rôles du grand frère ado en pleine crise et du petit frère agaçant, une relation touchante, presque père-fils, va se développer. Les débuts sont un peu poussifs, mais on touche clairement à l'aspect le plus réussi de l'épisode : l'empathie que l'on ressent pour les deux protagonistes. Un duo que l'on voudrait protéger, et prendre sous notre aile. Deux petits gars courageux accablés par un combat, seuls contre le monde entier.
Si l'aspect dramatique n'a eu que des balbutiements à offrir en début de chapitre, les dernières scènes parviennent à nous tirer quelques petites larmes ou tout simplement à nous nouer la gorge, et c'est exactement ce que l'on recherche lorsqu'on se lance dans une aventure narrative quelle qu'elle soit !
La narration souffre néanmoins d'autres petits couacs qui peuvent gêner l'appréciation du travail réalisé par l'équipe, qui fournit pourtant de beaux efforts. On note par exemple un sous-texte antiraciste, plutôt osé et des références à l'arrivée de Trump au pouvoir. Bien que discrètes, ces allusions sont amenées maladroitement, caricaturant un message un peu facile pour donner un semblant de relief à des péripéties qui manquent d'impact.
Comme un petit creux...
La durée de vie demeure assez courte, ce qui n'est pas forcément gênant dans un épisode introductif, mais qui l'est davantage face au creux suivant la scène "tremplin" du soft. Nous sommes dans un jeu narratif volontairement contemplatif me direz vous, mais il y a une différence entre contempler et frôler l'ennui. En effet, sur les deux heures nécessaires pour arriver au bout du chapitre, on passera la plupart du temps à crapahuter au milieu de la forêt sans rencontrer personne, et visiter une station service peu fréquentée.
Le vide sera rempli par des "à côtés", ici, le cahier de croquis de Sean
De très rares rencontres...
Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?
L'ambiance est importante, elle est forcément dépendante de la narration mais pas seulement. D'un point de vue visuel, le résultat est, là aussi, très mitigé. Nous avons des décors splendides, colorés et mis en lumière avec un véritable soucis du détail. Nos deux voyageurs arpentent les paysages de l'Oregon en plein automne, une saison propice aux paysages somptueux. La patte de Dontnod est présente, les environnements prennent quelques allures d'aquarelles tout à fait charmants... Paradoxalement, la modélisation des visages des personnages vient jurer avec ce tableau pourtant si bien mis en valeur. En effet, les protagonistes comme les personnages secondaires n'ont pas un rendu vraiment plaisant. Pire, les animations faciales semblent figées, on a la sensation de se trouver devant des statues de cire que l'on tente de ramener à la vie. On espérait beaucoup mieux d'un jeu axé autour de l'émotion et des liens familiaux. Qui plus est, c'est un défaut que l'on retrouvait déjà lors de la première saison, on aurait bien apprécié de ne pas le retrouver dans sa suite, en particulier après un tel succès commercial.
Pourtant, les dialogues sont convaincants, on remerciera à ce titre la justesse de jeu des acteurs qui prêtent leurs voix à tout ce petit monde. Ils sauvent véritablement toute la narration et sont criants de sincérité. Le petit Daniel est un petit garçon courageux et plein d'énergie qui a besoin d'être rassuré. L'interprétation de Sean quant à elle, fait ressortir le poids de ses responsabilités. Leurs petites chamailleries fraternelles laissent souvent la place à des instants plus posés et chaleureux qui, on ne le répétera jamais assez, portent tout l'intérêt de cette saison.
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